Turquoise, histoire d'un génocide

L’exposition

L’exposition Turquoise, histoire d’un génocide invite le public à revisiter une page sombre de l’histoire contemporaine. Les peintures d’Olivier Bramanti représentent des lieux, des hommes et des femmes, des armes, des carnages, du sang : des scènes qui retracent l’extermination des Tutsi au Rwanda en 1994. L’accrochage d’une centaine de planches originales est complété par la présentation de dessins préparatoires.

Représentation du fait réel

Les œuvres d’Olivier Bramanti mêlent diverses nuances qui rappellent autant les paysages verdoyants et ondoyants de la région des Grands Lacs, la terre brûlée du continent africain, la peau noire de ses habitants que les affres de la mort. Une large palette de couleurs qui s’alterne pour exprimer pudiquement le génocide des Tutsi. À des peintures lumineuses et aériennes aux tons chauds et aux verts chatoyants, l’artiste associe des tonalités plus sombres et épaisses. De facture majoritairement figurative, ces images frôlent parfois l’abstraction lorsqu’elles représentent l’horreur des massacres. Des images du réel qui parviennent à susciter des émotions par leur pouvoir d’évocation. Elles nous invitent à repenser l’histoire autrement. Un travail qui questionne notre rapport aux atrocités de la guerre et à leur mode de représentation.

Histoire d’un génocide

Publiées dans Turquoise aux Cahiers dessinés, les peintures d’Olivier Bramanti ont servi à illustrer le scénario du français Frédéric Debomy. Un ouvrage hybride qui narre l’histoire d’une jeune femme tutsie qui réussit à survivre au massacre de sa famille et de son ethnie. Témoin du génocide, son récit personnel se noie dans l’aventure collective lors de l’arrivée de l’aide humanitaire française. Soucieux de la notion de « ré-écriture », les auteurs ne réalisent pas pour autant une œuvre documentaire. Turquoise se définirait plutôt comme une fiction d’après des faits réels.

Segmenté en six parties, l’ouvrage fait coïncider, dans cinq, le regard du peintre avec le point de vue du personnage féminin. Des images subjectives qui contrastent avec une narration au ton neutre et descriptif. Des plans plus objectifs, inspirés par les médias d’information, figurent dans un seul chapitre. Ceux-ci permettent à l’artiste d’apposer une distance avec le sujet et de questionner la médiatisation de l’opération humanitaire.

Biographie

Olivier Bramanti

Né à Marseille en 1971, Olivier Bramanti s’oriente rapidement vers une carrière artistique. Il se forme tout d’abord aux Arts appliqués puis aux Beaux-arts de sa ville natale, avant de rejoindre ceux d’Angoulême où il se consacre essentiellement à la bande dessinée et à l’illustration. Il publie des récits courts dans Le Cheval sans Tête, une revue des Éditions Amok. Il réalise, en 1999, son premier album Le pont de l’ange suivi, en 2001, du Chemin des Merles, qui évoquent tout deux le conflit en Ex-Yougoslavie. Olivier Bramanti choisit souvent des thèmes qui questionnent l’histoire et ses événements les plus sombres, pour mieux mettre le présent en relief. En 2007, il signe Jeanne aux Éditions Carabas qui relate le tracé du défilé du 1er mai du Front National. Turquoise est son cinquième livre

Frédéric Debomy

Frédéric Debomy est né en 1975, à Fontenay-aux-Roses, dans les Hauts-de-Seine. Scénariste, il a travaillé avec plusieurs dessinateurs dont Louis Joos (Suite bleue aux Éditions Le 9ème monde ; Une vie silencieuse aux Éditions Albin Michel), Edmond Baudoin (Taches de jazz aux Éditions Le 9ème monde). Ancien président de l’association Info Birmanie, il a dirigé l’ouvrage collectif Birmanie, la peur est une habitude, sur la situation politique de ce pays, publié par l’association Khiasma et repris aux Éditions Carabas. Il est régulièrement intervenu sur cette thématique dans les médias (La Croix, Libération, Mediapart, Le Monde, Rue 89, etc). En 2010, il prend part comme chercheur à un colloque de l’École des hautes études en sciences sociales sur les entreprises de « réécriture » de l’histoire du génocide des Tutsi du Rwanda. Avec Turquoise, il signe son cinquième récit. Il assure également la programmation du Festival International du Film des Droits de l’Homme à Paris.

Illustrations